Revue Groupe de Lyon le 14 décembre 2011

Fiche 16 : Développer une attitude et orienter la société vers un mode de vie plus respectueux de la planète

Thème :

le triple défi Alimentation-Climat-Energie des années à venir nous oblige à faire évoluer nos modes de vies et changer de modèle de développement


Pourquoi ?
Les questions du changement climatique, de l'énergie et de l'alimentation, mettant aujourd'hui en danger la survie de l'humanité, exigent une évolution radicale de notre modèle de société, qui ne pourra s'opérer que par la convergence d'initiatives individuelles et d'actions collectives.

Les objectifs naissent d'un triple constat :
  • Le climat : le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié depuis 1990 quatre rapports qui confirment la gravité du changement climatique et la responsabilité de l'activité humaine dans ce phénomène. Depuis, plusieurs sommets internationaux, Rio en 1992, Kyoto en 1997, Copenhague en 2009, ont démontré une prise de conscience des problèmes climatiques, sans pour autant déboucher sur des objectifs contraignants et ratifiés par l'ensemble des pays industrialisés.
  • L'énergie : l'accès à l'énergie constitue un droit fondamental de tout être humain. Or, le développement énergétique nécessaire pour faire face à l'accroissement de la population mondiale se heurte à 2 contraintes fondamentales : premièrement, l'épuisement des ressources énergétiques qui ont permis la croissance économique exceptionnelle du 20ème siècle. Deuxièmement, la contribution importante de la production et de l'utilisation de l'énergie à l'émission de gaz à effet de serre responsables du changement climatique.
  • L'alimentation : sur les 10 dernières années, le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde, est passé de 850 millions à 1,02 milliards. Même si la réduction contre l'extrême pauvreté et la faim constitue le 1er des 8 objectifs du millénaire pour le développement (fixés par les Etats membres de l'ONU en 2000), il n'y a aucun engagement de date, de montant et de conditions des promesses d'aide. La situation de famine ne tient pas à une pénurie alimentaire globale mais à l'incapacité des petits paysans à acheter de la nourriture lors de mauvaises récoltes et à vivre décemment du fruit de leur activité. Par ailleurs, la répartition des revenus agricoles favorise largement les circuits de distribution, au détriment du producteur.

Objectifs porteurs de sens
La réorientation de nos sociétés vers un développement durable, respectueux de la planète et soucieux de l'héritage que nous laisserons aux générations futures, exige de nouveaux engagements, individuels et collectifs, répondant à 3 impératifs :
1. Un impératif de sobriété : réduire notre consommation d'énergie, principalement dans l'habitat et les transports ; lutter contre le gaspillage, sortir de la logique de consommation,
2. Un impératif de créativité : chercher de nouvelles solutions énergétiques renouvelables ; redéfinir la notion de croissance intégrant les impacts environnementaux et sociaux ;
3. Un impératif de justice : reconnaître la dette écologique Nord/Sud ; ouvrir et améliorer le débat public ; reconnaître à tous le droit à l'accès aux ressources et à un bien-être satisfaisant les besoins prioritaires
4. Un impératif de fraternité : partager les ressources, valoriser la dimension collective, développer la coopération entre pays ;

Engagements individuels proposés
Notre mode de vie individuel doit préfigurer le modèle de société sobre, économe, égalitaire et convivial que nous voulons promouvoir. Par exemple :
  • Investir dans l'isolation de son logement et le développement d'énergies renouvelables décentralisées
  • Minimiser les transports
  • Utiliser les transports en commun et les modes doux
  • Consommer les produits locaux et limiter la consommation de viande
  • Utiliser les circuits équitables
  • Privilégier l'achat de biens d'équipements durables et résister à la mécanisation à outrance
  • Participer, dans les groupes collectifs dont nous faisons partie (associations, collectivités, partis politiques, syndicats, ONG…), à la délibération collective et à l'innovation sociale

Engagements collectifs proposés
  • Au sein des entreprises :
  • Investir dans l'isolation des bâtiments
  • Faire du bilan carbone un outil de décision
  • Mettre en place un plan de déplacement d'entreprise, favoriser le covoiturage
  • Au sein des communes :
  • Initier ou prolonger les projets Agenda 21, plans climat territoriaux, éco-quartiers
  • Investir dans l'isolation des bâtiments publics, appliquer les normes HQE sur les nouveaux bâtis
  • Développer les transports en communs et les modes doux
  • Opter pour la valorisation énergétique des déchets
  • Favoriser la commercialisation de produits agricoles en circuits courts
  • Participer à la coopération décentralisée (jumelages, transfert de savoir-faire)
  • Au plan départemental et/ou régional :
  • Mettre en place un plan d'aménagement luttant contre la dispersion de l'habitat
  • Développer les transports collectifs inter-urbains (en particulier le train)
  • Favoriser l'innovation industrielle dans le domaine des énergies renouvelables
  • Au plan national :
  • Promouvoir des projets d'infrastructures économes en énergie
  • Financer des projets locaux de réseaux de transports en commun
  • Développer la recherche dans le domaine des énergies renouvelables
  • Fixer des objectifs volontaristes de réduction des gaz à effets de serre et répartir les quotas d'émission
  • Développer la fiscalité verte

  • Au plan international
  • Mettre en place une véritable économie du carbone et une taxe sur les transports aériens
  • Diffuser notre savoir-faire énergétique aux pays en développement
  • A tous les niveaux :
  • Développer, diffuser l'information, les solutions, les expériences
  • Ne pas réduire les terres cultivables, maintenir la bio-diversité, privilégier la sélection naturelle des semences, favoriser les circuits courts

Engagements de l'Etat : des règles à imaginer et à mettre en place
Le changement radical de mode de vie qu'appelle la situation climatique et énergétique de la planète nécessite la mise en place, à différents niveaux, d'institutions nouvelles, dotées de moyens suffisants, spécialisées sur ces questions, associées à des organes de délibération représentatifs et démocratiques.
  • Par exemple, au plan national, créer une agence nationale unique, type ADEME élargie, décentralisée dans les régions et départements, associée aux instances délibératives locales, chargée de mettre en oeuvre les politiques décidées nationalement et d'accompagner les entreprises, les collectivités, les particuliers
  • Au plan international, développer une gouvernance sur les questions énergétiques et alimentaires. Le G20 semble le mieux à même de prendre les décisions nécessaires et de les mettre en application rapidement.
  • Confirmer le rôle de la communauté scientifique et du GIEC
  • Redéployer les institutions internationales pour coordonner les politiques climatiques, énergétiques et alimentaires.